Sortir du nombrilisme, un jour

Ce podcast est un bijou, une merveille. A la fin, Clémentine (que je n’ai jamais rencontrée) devient une amie, une proche, quelqu’un de ma famille. Il est magnifique, bouleversant et pudique.
Il faut l’écouter. Enfin, essayer…
Pourtant, que les Assises du Journalisme de Tours, ce club auto-centré qui s’autocongratule de survivre encore malgré les mutations économiques que ce métier répugne à aborder lui décerne son grand prix prouve à quel point il est difficile de sortir de l’entre-soi, d’arrêter de parler encore et toujours de soi-même.
On sait, depuis les enlèvements au Liban que certains otages sont plus importants que d’autres.
A-t-on jamais vu par exemple, soir après soir, le visage de Michel Atangana, lors de l’ouverture du 20 heures ? (1)

L’histoire de Clémentine est, je le redis, un podcast magnifique et le format s’y prête parfaitement, l’audio seul permettant plus d’intimité dans le discours, là où l’image irait scruter de façon indécente, les traits qui se creusent, les cheveux disparus, etc…
Et cette production est si bellement réalisée par des journalistes, ses collègues et amis qui ont voulu perpétrer et conclure son projet. Tout ceci est éminemment respectable et démontre que des journalistes sont capables de sortir de leur zone de confort de d’investir les nouveaux formats, les nouvelles formes d’écriture audio. Bravo. Et merci.

Je me réjouis également d’entendre que, dans la multitude des podcasts autocentrés où des centaines d’anonymes racontent au quotidien leur expérience comme s’ils se croyaient sur TikTok (10 jours sans sucre, par exemple. Si je vous jure, ça existe !), des professionnels aguerris, ceux de France Info en l’occurrence, savent raconter une histoire : à la première personne du présent tout d’abord.
Puis, à la troisième personne du passé…

Mais où se situe, là précisément, le Journalisme, les gens ? (2)

D’après Le Parisien, dans l’article ci-dessus : « Le Grand prix décerné chaque année par les Assises […] est remis chaque année à une ou un journaliste, média, collectif ou action éditoriale qui a le mieux honoré les valeurs du journalisme lors de l’année écoulée« .

Parmi les nombreuses personnes qui ont raconté leur maladie, leur handicap, leur vie après un deuil, etc… aucune, sans doute, n’était journaliste.

Et je pose la question : si ce podcast répond à la définition du prix en question, quelles sont devenues les « valeurs du journalisme » ?

Que mon interrogation n’empêche personne d’écouter ce podcast qui le mérite amplement (juste prévoyez de ressortir un bon vieux De Funès ensuite, par exemple, parce que c’est plombant).

C’est ici.

(1) Sur Michel Atangana, Qwant sera ton ami…
(2) « les gens » : façon pratique (à défaut d’être élégante) de contourner l’écriture inclusive que je maîtrise encore de manière par trop artificielle…

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