Parce que je suis quand même beau joueur, je vais une nouvelle fois louer les qualités d’une station dont l’actuelle directrice des programmes refuse seulement d’accuser réception d’un seul de mes mails. Mais là n’est point la question, mais bien à la qualité des intervenants qu’on peut y croiser.
Martin Winckler est un être humain peu ordinaire. Médecin, humaniste, romancier, blogueur, il écrit parfois des merveilles.
Auteur polémique, il n’est pas particulièrement populaire au sein du Conseil de l’Ordre, quand il rappelle qu’un médecin n’est pas tout puissant, qu’il n’a pas tous les droits sur ses patients, notamment sur le corps des femmes. Voir à ce sujet son dernier bouquin « Les brutes en Blanc »…
Sa « Maladie de Sachs », roman surement fortement autobiographique paru il y a une dizaine d’années est un bouquin magnifique. Il a fait d’ailleurs l’objet d’une très belle adaptation cinématographique signée du subtil Michel Deville avec un Albert Dupontel tout en finesse. C’est le quotidien d’un médecin de campagne, de famille, de celui qui soulage, écoute, supporte, invente et, parfois, se désespère, parce que la vie est trop dure et que le corps est là pour nous le rappeler.
Résumé comme ça, je sais que ça ne fait pas envie. Pourtant, ce livre tour à tour joyeux et triste, émouvant et pudique dans sa présentation des misères de tout un chacun est aussi une leçon de vie. Une manière d’écouter à notre tour celui qui écoute d’habitude les autres, nos voisins, notre famille, nous…
Comment le professionnel peut-il protéger l’être humain qui l’héberge devant tant de douleurs, d’injustice, de misère… ? Et à quels petits bonheurs quotidiens se raccrocher quand tout devient trop difficile ?
Et si vous n’avez pas envie de le lire, pas grave : France Culture l’a fait pour nous et nous en offre une somptueuse adaptation en feuilleton. Tous ces petits moments sont joués avec beaucoup de grâce, de pudeur, d’empathie évidemment. A coup d’épisodes d’une vingtaine de minutes, c’est tout une humanité souffrante de grandes maladies incontournables et de petits bobos tout aussi insupportables car ils révèlent les vrais maux qui nous est proposée, avec infiniment de finesse.
Quand les spécialistes santé des médias deviennent des divas, quand leurs fous-rires font les riches heures des zappings et qu’ils se prennent pour des gourous parce que, là encore, le buzz les a rendu célèbres, quand la responsable d’un des plus grands scandales sanitaires de ces dernières années se goberge au quotidien dans nos médias pendant que l’hôpital croule sous l’absence de moyens, il est tout à l’honneur du service public de redonner de la place à ce magnifique emmerdeur salutaire qu’est Martin Winckler. On n’a pas oublié avec quelle hâte France Inter l’a honteusement lourdé en 2003 suite à ses prises de position contre l’industrie pharmaceutique.
Alors, merci à Claire Hédon de l’avoir invité dans Priorité Santé sur RFI en janvier dernier consacrée à la maltraitance médicale (émission à réécouter et/ou podcaster ici). Et vive France Culture (dont la directrice actuelle, contrairement à son prédécesseur ne sait pas répondre aux mails) dont les équipes sont capables de créer un tel feuilleton.
Ecoutez, téléchargez, podcastez (*), c’est beau, intelligent, passionnant, ça vaut le coup de payer des impôts : c’est du grand Service Public.
(*) Pour garder les émissions de France Culture sur son disque dur, voici la combine d’un non-zélateur des machines à la pomme. Cliquer sur le lien RSS de la page. Dans le nouvel onglet, repérer le lien mp3 qui se trouve sous la description puis clic droit et enregistrer la cible du lien sous… Oui, sinon c’est logique…
(Edit 19/02/2017 : Méfiance avec l’épisode 12, qui peut être éprouvant si vous êtes parent…)
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