Le 19 juillet 2019, j'ai publié sur Facebook un petit rapport d'écoute qui m'a velu quelques remarques courroucées et un grand nombre de commentaires, globalement corroborant mes constatations (143 commentaires, 56 like, cœurs et éclats de rire et 6 partages à l'heure où j'écris ce billet). Je reproduis ce texte ci-dessous et je l'update ensuite...
Bon allez, j’balance !
J’ai encore un peu taillé la route en France ces jours-ci et zappé de radio B en réseau natio.
Hier, par exemple, en 500 bornes, j’ai entendu un seul vrai speak.
Un.
1.
One.
Uno.
Ein.
(c’est noté ?)
Pour le reste, j’ai entendu quoi ?
Des gens qui me promettaient plus de tubes.
Des gens qui me promettaient plus de hits.
Des gens qui me promettaient le meilleur des tubes.
Des gens qui me promettaient un max de hits.
Des gens qui me disaient que j’écoutais la radio d’ici.
Des gens qui me disaient que je pourrais gagner un max de cadeaux en écoutant le morning.
Des gens qui font des jeux musicaux où il faut deviner la couleur du cheval blanc d’Henri IV tellement ils prennent leurs auditeurs pour des quiches.
Des gens qui passent le même artiste toutes les deux heures max (nouveauté ou Gold).
Des tunnels de pubs/promos et des promesses de X mn de musique sans interruption (avec un speak au milieu pour me rappeler que c’est sans interruption…), concept lancé par Garcia sur E2 et Skyrock voici 30 ans.
A un moment donné, j’ai craqué et comme la pub pour une banque qu’on entend partout me disait que ça allait être l’heure fixe, j’ai mis Europe, pour les infos
… qui venaient de finir.
Non, rien.
J’ai zappé, un peu, notamment à chaque fois que j’entendais le dernier Vianney (que tout le monde passe en exclu, je suppose), la dernière bouse des (bien nommés) Enfoirés…
Et, d’un seul coup, en approchant d’une ville qui a un joli château et la joconde sur les marches de son escalier central, un speak, sympa, rigolo, en liaison avec notre actu perso, sans autopromo d’antenne, quelqu’un qui me parle avec gentillesse et humour et qui me donne du coup envie de rester sur sa radio (Milène : le 16/19 sur Sweet FM, j’ai dit que je balançais).
Ah, j’avais aussi entendu des inserts téléphoniques…
Le drame…
Sérieux, amis radioteurs, vous n’avez pas remarqué que vos auditeurs ne téléphonent plus ? Ils sont sur WhatsApp, Snapchat, même Telegram si vous voulez ! Bref, ils n’ont plus ce son pourri (d’autant plus pourri que les inserts numériques nous rajoutent une latence qui donne toujours envie aux anim’s de les booster, ces auditeurs qui ne répondent pas immédiatement…).
Comment elle disait ma stagiaire d’il y a 3 ans ? Ah oui… « la radio, ce truc de vieux qu’on écoute dans la voiture des parents et ça fait pas rêver… »
(25 ans, Bac +6, snippeuse gentille)
Après, comme disait un grand génie comique du XXème siècle : « c’est vous qui voyez ! »
Pendant ce temps Spotify et Nicolas du Roy vous disent merci !
Update le 24 juillet 2019 :
Parce que la polémique a ses limites, j’ajoute plutôt ici, pour ceux qui passeront par hasard ou curiosité, quelques réflexions supplémentaires, tout en gardant à l’esprit que, le jour où vous m’entendrez ou me lirez en train de laisser entendre que c’était mieux avant, il faudra écouter en boucle la chanson de Florent Pagny « Tue-moi » !
Au fil des années, on nous a démontré que :
- Les consultants américains avaient toutes les solutions
- On pouvait remplacer l’animation en direct par du voice-track (et j’admets que, sur un plan économique, ça sauve la vie de toutes petites radios qui peuvent dégager du temps humain pour faire de la prod’)…
- On pouvait remplacer le voice-track interne par du voice-track externe (et j’admets que certains sont capables de produire du VT de meilleure qualité… que d’autres)
- On pouvait externaliser la production de jingles (du coup tout le monde a les mêmes parce qu’il y a trop peu de productions)
- On pouvait faire venir les mêmes consultants avec les mêmes solutions partout pour appliquer les mêmes recettes qui datent de la fin des années 90
- Il était logique que près de 130 radios concurrentes (mais partageant des intérêts économiques communs) soient sur la même appli.
- On pouvait externaliser :
- le site internet (on a tous le même)
- le streaming (on a tous la même appli)
- la diffusion
- la programmation
- la gestion de l’antenne !!
On peut se demander si les décideurs qui utilisent à ce point toutes les ficelles externes aiment encore beaucoup la radio (ce qui déjà élimine ceux qui m’ont engueulé après mon post parce que, justement, eux, ils aiment fort ce média !).
Mais il ne faudra pas s’étonner ensuite que le service public qui, quels que soient ses défauts, propose de plus en plus une offre complète, cohérente et complémentaire (1), soit en tête sur tous les indicateurs ?
—–
(1) Quel dommage, soit dit en passant, que RadioFrance ait abandonné la proposition http://podcast.radiofrance.fr qui offrait une visibilité et une navigation parfaite sur ordi, extrêmement complémentaire à la navigation mobile de l’appli. Si, ça a existé… d’ailleurs il y reste quelques liens xml oubliés !
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