Non non le Mouv’ n’est pas mort…

(… de la à dire qu’il… encore, voire qu’il nous ferait…, il y a loin)

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Bon, je vous vois venir, oiseaux de mauvais augures, persifleurs patentés, ricaneurs gourmands, vous vous gaussez déjà de la future grille du Mouv’ !

C’est pajolijoli, si vous voulez mon avis. D’abord parce qu’on a déjà beaucoup ri sur le dos de cette pauvre chose et ensuite parce que quand on pense à ce que ça coûte aux finances publiques, un auditeur de ce truc, ça fait déjà vachement moins rire si on voit le nombre de gens qui dorment dans la rue cet hiver !

Alors, comme il est bon de se livrer au petit jeu des pronostics, tout le monde y va de sa critique par avance de la future grille du Mouv’. On aurait même, mais plus discrètement, mieux vaut être prudent, tendance à gloser sur le fait qu’on met à sa tête quelqu’un dont ce n’est pas le métier. Evidemment, c’est surprenant et on constate d’ailleurs qu’il semble plus occupé à continuer à s’occuper de ses anciennes marottes qu’à penser à réanimer sa radio, comme si ce cadeau empoisonné lui plombait l’avenir. En même temps, quand on voit le désastre industriel qu’en a fait une vieille gloire de ce métier – dont j’ai dit dans un autre billet tout le bien (!) que j’en pensais -, on peut comprendre que ça refroidisse. Donc effectivement, pourquoi ne pas proposer aussi à un plombier-zingueur de faire la grille des programmes.

Plus sérieusement, que France-Culture s’offre un ratio coût de production/auditeur un peu supérieur à celui de Chérie FM ne me parait pas scandaleux. Un numéro de Sur les Docks ou des Papous dans la Tête, seul le public peut se l’offrir, nous le proposer. Parce que l’audience qui a le luxe d’écouter ces émissions en a aussi l’exigence qualitative. Mais qu’est-ce que le Mouv’ a à nous proposer de nouveau, de « jeune » (réponse de la vieille gloire sus-mentionnée : Frédéric Bonnaud ! Et l’assistance de s’écrouler de rire si ce n’était pas tragique) ?

Rappelons que le service public a arrêté Radio 7. Hein ? Y’a longtemps ? Oui, mais il n’y a pas prescription.

A l’époque la FM s’inventait, se cherchait, se copiait aussi et le modèle NRJ naissant risquait déjà de s’imposer comme un PPDC (C’est quand tu cites le Plus Petit Dénominateur Commun que tu avoues ton grand âge !). Avec Radio 7, RadioFrance montrait la voie d’une radio à destination des jeunes, avec un ton intelligent (légèrement élitiste parfois, bon), très humoristique, souvent élégant, un bon son, une prog sophistiquée, etc… Puis ce fut l’hallali (ah la la).

Et 30 après, ou presque, on voudrait reprendre l’histoire où elle s’est arrêtée ? Ben non, coco, ça marche pas comme ça. On a évolué depuis, avancé. Et le Mouv’ n’a plus sa place sur le marché de la radio jeune. D’où, j’imagine, la tentative de qui-vous-savez de faire une mini-généraliste, mais aux animateurs recrutés dans sa tranche d’âge ou celle d’en-dessous, en tout cas pas chez les jeunes (du moins si on considère qu’un jeune, ça a moins de 50 piges. je sais, y’a les crèmes, les liftings, les injections, tout ça, mais en radio, ça me laisse perplexe).

Alors, l’alternative est simple : soit refiler les fréquences à Arthur (ça c’était quand même bien marrant, même si bon, rêve pas, Arthur, elles marcheront moins bien que celles que je t’ai laissées…) soit se remettre à inventer, imaginer la consommation de demain de ces foutus jeunes dont les habitudes évoluent aussi vite que les inventions et pour qui Facebook c’est un truc de has-been !

Et là, moi qui ne connait Joël Ronez ni des lèvres ni des dents, je me dis du coup qu’il n’est pas obligatoirement le plus mauvais client. A charge pour lui de démontrer que Le Mouv’ n’est (enfin) plus un ovni radiophonique inutile mais un simple instrument dans une galaxie d’outils de communication autour des multiples centres d’intérêt des jeunes, qui ne se limitent pas au rap et au arène-bi (je ne garantis pas l’orthographe).

J’en croise plein, des jeunes, dans les galleries, les musées parisiens, les expos. Voila-t-il pas qu’ils savent lire, s’intéresser aux robes d’Alaia au palais Galliéra, au dernier spectacle du Café de la Gare, voire à des films en noir et blanc ! Si l’on admet le postulat vraisemblable selon lequel ces jeunes sont aussi de redoutables utilisateurs de nouvelles technos et de réseaux sociaux, la simplicité consiste à ne plus introduire de hiérarchie entre la prog du Mouv’ et son compte Twitter, par exemple, mais à tout mêler harmonieusement et en faisant un mix entre le flux et le on demand. Ah oui, parce que si c’est pour dire « on arrête les émissions des vieux gardés par charité et dont ne savait pas comment les envoyer au Pôle-Emploi et on a une idée géniale : faire une radio musicale !« , ben, comment vous dire…? Ca a déjà été tenté ! (vous marrez pas, j’en ai connu un, comme ça de chef, qui ne voulait pas savoir ce qui s’était fait avant, réussites ou plantades… Hein ? Un quoi ? Oui, j’aurais dit pareil. En moins poli.)

Oui, moi aussi, je suis surpris...

Oui, moi aussi, je suis surpris…

D’où la logique du choix de quelqu’un qui a la réputation d’un spécialiste de ces outils ! (si on m’avait dit qu’un jour, je justifierai un choix du pdg de cette maison…)

Comme les rares fois où je ne casse pas quelqu’un dans mes lignes, on me soupçonne d’aller à la soupe, je précise que, comme dirait le Sergent Murtaugh dans les différents opus de l’Arme Fatale « j’ai passé l’âge de ces conneries » mais que je vais surveiller cette tentative de résurrection avec beaucoup d’intérêt en lui souhaitant bonne chance (ne serait-ce parce que ça me ferait tellement plaisir de le voir réussir là où l’autre gourou s’est ridiculisé !). Parce qu’une radio moribonde, c’est mauvais pour toute la profession. Ce media a besoin d’émulation, de concurrence, d’inventeurs et d’inventions, de passion et de chercheurs, de vie et de rigueur, de métier et de recherche et que le Service Public (t’as vu ? J’ai mis des majuscules), c’est son rôle premier. (crotte, c’est beau comme du Malraux, non ?)

A suivre donc.

(je vous aurais bien dit deux mots de l’autre renaissance à surveiller prochainement parce que, pour une fois qu’il y a un vrai nouvel entrant sur le marché, ça va être passionnant à décrypter mais, là, comme tout le monde, je suis allé à la soupe, alors ça ne serait pas de bonne politique! Ah, et je suis désolé pour la photo du haut. Au début, j’ai trouvé ça rigolo mais plus je la regarde… Dernier truc : évitez les commentaires du genre « Le Mouv’ ronez de ses cendres », je l’ai twitté il y a déjà un bail !)

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