D’abord, (on est fin 1982) il y a eu TSF 93, la grosse radio locale, celle où Jacques Canetti (mon premier invité en direct) m’a dit un jour ″en fait, vous revivez l’aventure d’Europe 1″. Embauché comme réalisateur quelques semaines avant le lancement de la radio, je saute sur un micro vacant le jour du lancement et je ne le lâcherai plus. Là, je ferai tous les métiers : réalisateur, animateur, programmateur musical, directeur d’antenne, responsable des opérations extérieures. Un jour en direct à la Fête de l’Huma avec un reportophone, le lendemain en studio avec des kilomètres de bande magnétique. Formidable école…
Puis, directement, la plongée dans le grand bain avec l’arrivée rue François 1er, grâce à Michel Brillié, car la radio, ce sont aussi des rencontres. Les nuits des week-ends sur Europe 1, les Europe-Stop en direct sur les routes de France et les premiers remplacements sur les mornings. Vint ensuite la création d’Europe 2 (où je fus le premier à ouvrir le micro du Programme magique après avoir fichtrement forcé la main à Marc Garcia), avec les Programmes de Stars, les Top-Albums et les mornings, déjà, beaucoup. Pendant plus d’un an, je suis 7 jours sur 7 rue François 1er. La semaine, le matin très tôt sur Europe 2, le week-end, très tard, sur Europe 1. J’ai l’impression d’habiter là. Le monde des ondes m’appartient !
Dans le même temps, je fais mes premières armes sur Radio-Classique. Pendant une saison, je serai à la même heure sur Europe 2 et Radio-Classique, deux exercices complémentaires. Et les premières voix pour des films d’entreprise.
Fin de la première période d’Europe 2, dégagé en 10 minutes chrono malgré les (ou à cause des) meilleures audiences de la grille par un caribou furieux, je rebondis quelques mois plus tard, appelé par Christophe Sabot, sur Chérie FM. Trois saisons sur le 16/19, trois ans de vacances, de rigolade, d’amitiés nouvelles, d’interviewes de stars, de jeux avec les auditeurs. C’est un immense bonheur, entouré de fous-rires et de filles formidables : Coralie, Nathalie, Séverine, Barbara… Et les amitiés : Bruno, Fred… Et la radio qui passe de 2 à 6 points dans les sondages. Et toujours des voix off, avec les premiers docs pour la télé.
Eté 97 : réalisation d’un rêve de gosse. Je suis sur RTL : Stop ou Encore, Duel au Soleil… Alain Tibolla me fait goûter à toutes les grosses tranches (sauf « RTL vous offre vos vacances », dommage…). Les boss du groupe NRJ (Pallain, Sabot) ont été grands seigneurs : « Tu veux y aller ? Tente ta chance, et bonne chance… » Fin de l’été, RTL m’aime bien… pour les vacances, on se reverra. Et retour à Chérie FM, pour le morning, à nouveau, ma spécialité finalement.
Puis, ce furent des aventures plus courtes, MFM, Radio-Classique, Rire & Chansons, des rencontres amicales (Jean-François Villette, Patrice Saulnier…) ponctuées de retours, chaque été, sur RTL où je finis par m’installer sur le morning Music & News réinventé pour moi, en tête chaque été sur tous les 1/4 d’heures. Là aussi les complicités vont bon train, avec des réalisateurs fidèles, tranquilles : Alain, Alex, Xavier, Thierry… et les autres.
Quelques années auparavant, j’avais découvert le bonheur de la formation professionnelle. Il y avait eu d’abord les premières formations AFDAS pour le Cifap, le CNRA, la FAR. Puis vint le Vietnam (Voice of Vietnam à Hanoï et Voice of People à Saïgon), mes premières formations à l’international, mon premier coup de cœur pour un pays du bout du monde, et dans le service public, puis le Ghana (GBC, Uniiq FM). Accra me séduit : j’y retournerai à plusieurs reprises, tant pour les radios nationales anglophones que pour les antennes communautaires francophones qui y ont éclos.
Grâces soient rendues à Jérôme Kanapa, du Cifap, qui m’a fait cet immense cadeau de la découverte du Vietnam. Sans lui, qui sait si j’aurais jamais pu déambuler pendant des heures dans les rues de Hanoi que j’ai fini par connaître aussi bien que celles de La Courneuve des années 70… ?
Les employeurs et les clients s’enchaînent pour les formations : RFO (6 stations du groupe formées, travail sur l’animation, le rapport à l’auditeur… et le bonheur des amitiés du bout du monde : Bernard, Nadine, Serge, comme il y avait eu Anh Tuan à Hanoi et Denis à Accra), le Studio Ecole de France (dont je suis quelques mois directeur du développement et pour qui je réalise des formations sur site pour des radios locales en métropole et à la Réunion) avant de créer ma propre structure : Leopard Prod, avec laquelle je sillonne la France, du Quercy à Saint-Malo, et l’étranger pour de nouvelles missions, notamment au Maroc, où j’ai eu le bonheur d’accompagner pendant près d’un an et demi le développement d’Aswat, grosse radio commerciale, formateur auprès des animateurs, chargé du coaching de l’animateur du morning, consultant auprès de son président et de sa direction générale, puis de sa directrice des programmes.
Au Maroc, il y aura aussi la mission pour l’Association des Radios et télévisions indépendantes, avec l’aide de l’Ambassade des Etats-Unis. Ce sont des animateurs et des journalistes venus de presque toutes les nouvelles stations, qui seront formés : Hit Radio, Atlantic, Chada FM, Casa FM, etc…
Pendant quelques années, je serai aussi le Rédacteur en Chef de INF Radio, seule lettre professionnelle spécialisée dans la radio. De la version papier adressée à ses abonnés, j’en ferai une newsletter régulière, lue jusqu’au CSA. A la demande des éditions Dixit et du Cifap, je co-écrirai et superviserai l’ensemble de l’ouvrage « Animer une Radio« , paru en 2002 (voir page « Ecrits »).
J’interviendrai aussi à plusieurs reprises au Salon International de la Radio (SIR), puis au Radio (SIEL) et au Radio 2.0 en tant qu’invité ou modérateur de débat. Quelques rendez-vous au CSA pour définir ou défendre des projets m’ont aussi laissé quelques souvenirs contrastés et plein de paradoxes. Entre un Baudis qui enterra l’AM pour ne s’intéresser qu’à la TNT et des hauts fonctionnaires finalement bien moins coincés qu’on ne pouvait le craindre et souvent très au courant des réalités du métier.
Enfin, il y a les créations de programmes, les reformatages. Littoral AM, projet malheureusement inabouti, mais ambitieux, d’une radio régionale, associative, en Ondes Moyennes, Vivre FM, à Paris, dont j’ai posé les premières pierres, Sport FM à qui j’ai donné son dernier score dans les sondages et La Radio de la Mer qui connaîtra une augmentation d’audience de +87% en 4 mois, me permettant de démontrer que les projets les plus originaux peuvent rencontrer leur public dès lors que l’approche est professionnelle et qu’il est possible de faire ce travail avec la confiance de son investisseur d’un côté (que Jean Vandecasteele et Didier Rigot en soient remerciés parce que ce n’était pas gagné d’avance!), tout en entretenant la meilleure ambiance avec l’équipe…
Et la détente, c’est encore de la radio. De Radio-Trousseau, radio réalisée par des ados pour des enfants hospitalisés, que j’encadre depuis 1994, et sa webradio, Réglisse, à mes propres webradios (Play Misty for Me, ma webradio jazz, créée pour le plaisir d’entendre ce que TSF ne sait pas faire, Jazzopolitan, sa petite sœur, Classy Radio, Classicalways et quelques autres tests sans lendemain, entre autres, qui me donnent l’occasion de pratiquer le seul métier que je n’ai jamais fait ailleurs : la programmation), tout ce qui est nouveau enrichit mon expérience et ma pratique.
Et quand ce ne sont pas des rencontres, ce sont des retrouvailles, comme celles, toujours joyeuses, avec Michel Brillié et Claude Wargnier pour la mise en place de Radio Brassens, avec les précieuses archives de Claude. Cette expérience m’amène à aider la création d’autres projets, plus ou moins éphémères comme Radio Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt, Radio CHU à Bordeaux ou encore les radios de deux établissements parisiens recevant des ados handicapés mentaux.
En mars 2012, une dernière aventure, un peu plus folle que les autres : La Radio Parisienne. Comment pourrais-je mieux démontrer ma spécialisation en low-cost qu’en mettant en ligne une webradio sans le moindre budget ? Résultat ? Quand, près d’un an plus tard, Goom cherche un responsable d’antenne pour la webradio municipale Radio-Chambly, je suis prêt ! Et c’est parti pour une nouvelle création, une de plus…
Dans le même temps, de nouveaux voyages : de Samoëns à Moroni (Comores) pour des missions passionnantes au fil des années avec mes collègues de ces îles si pauvres mais si accueillantes et à La Réunion, encore, pour une nouvelle mission à RFO, devenue Réunion 1ère. Nous sommes en 2014.
Là, j’en profiterai même pour combiner formation et convention, en animant une table ronde avec des figures emblématiques de la radio réunionnaise, que je côtoie avec grand plaisir depuis tant d’années. Ils sont la fine fleur de la radio de cette île formidable… et ne s’étaient jamais tous rencontrés. C’est fait, là, sur cette photo pour cette très jolie rencontre.
Aux Comores, après mes trois premières missions pour CFI, en 2015, avec l’aide de l’Ambassade de France, je lance CWRP.fr, un collectif informel de journalistes radio/télé qui produit des émissions offertes à toutes les radios locales. Là encore, je supervise l’ensemble de la production, des choix des sujets au mixage final en passant par la gestion du site internet. Tout ça décolle vraiment début 2016 avec la mise en ligne des premières émissions. Dans le même temps, retour au Studio Ecole de France pour des cours d’Histoire de la Radio et création de podcasts pour une société de formation de managers…
Dernière expérience nouvelle en date, alors que, depuis Radio Chambly, je réfléchis de plus en plus sur le concept de blogradio (et non de webradio qui reste essentiellement musicale pendant que la blogradio offre aux auditeurs des sons à la demande, sans stream live obligatoire), entre deux missions de coaching dans des radios associatives, le chantier en cours de la création d’une blogradio régionale, avec des jeunes déscolarisés et sans emploi, dans le tout nouveau cadre légal de la Garantie Jeune… Ou quand le futile devient utile, quand notre savoir-faire est mis au service de jeunes en difficultés pour les aider à prendre confiance en eux. Passionnant et gratifiant. Quelques années plus tard, le projet vole de ses propres ailes et je le suis de plus ou moins près selon les années. Puis il y a cet atelier avec des « 4ème » dans un collège du 93 pour aider ces jeunes formidables à structurer leur pensée, apprendre à s’adresser aux autres dans un monde de plus en plus oral…
Et, de plus en plus, l’envie de participer à l’écriture de la radio de demain, de réfléchir au futur de ce média, grâce aux articles publiés régulièrement sur les pages Blog de ce site, ou, auparavant, dans La Lettre Radio Pro.
Et demain… D’autres aventures, encore, sous toutes les latitudes…
Pour commencer…
J’ai parlé de ça deux ou trois fois devant une caméra…