Le miracle de la technique

Parce qu’hier soir en voiture, j’afotorcreated_1i pris un gros kif de la mort qui tue, j’ai pensé que l’heure était venue de rendre un hommage appuyé à « ces obscurs, ces sans-grades » (!), sans qui nous aurions bien du mal à faire les kékés dans le poste : l’ensemble des techniciens qui œuvrent au quotidien sur toutes les radios du monde.

Samedi fin de journée, nuit tombée, 100 bornes de nationale sans intérêt à se taper… Et France Musique.

19 h, on est en direct au Metropolitan de New-York pour la retransmission en direct de La Veuve Joyeuse, de Franz Lehar. Enfin, en l’occurrence, The Merry Widow. Et ça pète dans la bagnole. Ma nationale toute pourrie s’efface et je suis transporté dans la salle du Metropolitan. L’orchestre emplit la voiture, les chanteurs sont assis sur la banquette derrière moi, tout est clair, net, précis, puissant. Et joyeux, déconnant, comme toute opérette réussie, pendant que les voix, parfaites, s’expriment (au sens d’un bon vieil alcool), répandant la joie et tout ce joyeux deuxième degré du livret avec la puissance d’un orchestre au cordeau.logo_27901_web_1

Et là, j’ai eu une grosse grosse pensée reconnaissante pour la chaîne de techniciens grâce à qui ce miracle était rendu possible. Depuis les preneurs de son de l’Opéra, là-bas, à New-York, ce soir si proche, ceux qui gèrent la transmission et ceux qui ta retransmettent à Radio France, ceux qui font les choix de traitement de son…

Et point n’est besoin, par extension, d’une telle démesure de moyens. J’ai, du coup, repensé à la bande de techniciens avec lesquels j’ai bossé toutes ces années, et j’ai eu pour eux tous une pensée reconnaissante, car on s’est bien amusé grâce à leurs compétences (ou pas, comme celui grâce à qui j’ai pris un coup de jus dans un SM7 sur une plage de Bastia. « Ben c’est pasque t’as les pieds mouillés !« , tu penses !)…

J’ai repensé à ceux qui suivaient mes élucubrations en studio (de Coralie grâce à qui mes saisons de drive à Chérie FM ont ressemblé à des vacances), aux 2 Fred qui ont accompagné mes petits déj’, à Alain, mon 1er complice de RTL, suivi d’Alex (génial inventeur d’une « otarie » de sinistre mémoire), Kasso, Thierry, notamment… Mais j’ai repensé aussi à « Papy » et Cédric avec qui j’ai pu passer des heures en direct à des endroits aussi surprenants que le foyer de l’Olympia, celui du Casino de Paris, les pistes de Serre-Chevalier ou un studio à Rome, parce qu’ils étaient capables, bien avant la numérisation de la diffusion, de nous externaliser où bon nous semblait.

Denon-DN950FAJe repense aussi à ceux qui se sont arrachés les cheveux pour tenter de comprendre pour quelle obscure raison, une certaine plage de la compil Europe 2 de Laurent Voulzy pouvait bien planter les lecteurs Denon, ceux qui, des deux côtés de l’Atlantique,71CjuRX0gBL._SL1393_ ont permis la diff de mon morning d’Europe 2 en faux direct depuis le somptueux studio de Disney en Floride(1). Mais aussi à celui qui avait eu l’idée de faire passer la clim’ du studio par les meubles où étaient encastrées les machines, transformant le moindre changement de disque en expérience de dépressurisation à 10 000 pieds… (2)

C’est là que notre métier est magique : quand les compétences peuvent ainsi se rencontrer et que chacun se sent fier de la part qu’il a pris à la réussite de telle opération d’antenne. D’où les formidables souvenirs que j’ai avec beaucoup d’entre ceux cités ici, mais aussi avec Bernard Ménéguzzi, de RTL, avec qui nous n’avons eu qu’une expérience commune mais mémorable car deux studios de la rue Bayard nous ont pété dans les mains en live, pour la même émission et que la confiance que nous avions l’un dans l’autre a transformé ce qui aurait pu être une catastrophe en unertl_jounin immense partie de rigolade.

Et c’est là que je me dis qu’on a quelques vrais bons dans ce métier, heureusement !

A noter : On peut réécouter cette magnifique retransmission pendant quelques jours seulement. C’est ici et ce serait vachement dommage de s’en priver !

 

(1) A ce sujet, petite anecdote : après plusieurs coups de fil d’auditeurs disant qu’ils ne croyaient pas au fait que j’étais vraiment là-bas, à cause de la trop grande qualité du son, Marc Garcia a demandé qu’on ajoute par-dessus mes speaks des bruits de ligne, au grand désespoir, m’a-t-on dit, de la technique parisienne. Et il n’y eut plus de coups de fil.

(2) J’aurai la charité de ne pas parler ici des expériences d’ionisateur dans certain studio de la rue François 1er…

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