Depuis des semaines, des messages plus ou moins fielleux fleurissent sur une libre-antenne réservée aux « professionnels de la profession ». On y a même publié récemment comme une participation de ma part à un « forum sur les radios en Bretagne » (sic) ce qui était en fait une réponse envoyée à un auditeur, apparemment bidon. Pour quelle raison une aussi petite radio déchaîne-t-elle autant les passions? Voila une question à laquelle je n’ai pas la réponse (en un mois, cet article a déjà été lu plus de 80 fois). Mais, pour répondre à ceux qui se posent de bonne foi (les autres peuvent passer leur chemin) la question de l’absence de programme depuis début 2011 sur La Radio de la Mer, voici quelques précisions.
Au début était le chaos…
Une première équipe, après avoir porté (sans doute trop) longtemps un projet, se voyait en mesure de le concrétiser, mais dénaturé.
Perdue, cette équipe tente tous azimuts de faire rimer ses fantasmes avec la réalité. Mais la radio rêvée en AM sur Paris ne trouve pas son public en émettant en FM sur les côtes nordistes et ouest du territoire.
Alors, les marchands entrent dans le temple. C’est du moins ainsi que l’on vécu quelques intégristes de la première heure. Je ne reviendrai pas ici sur les désillusions qui furent les leurs. Oui, leur programme était original. Mais les faits et les chiffres sont têtus et les quelques fans indiscutables qu’ils avaient accrochés ne leur ont pas permis de mettre du fuel dans la chaudière du navire.
La belle année…
Alors arrive le Groupe Contact qui m’en confie la direction des programmes, puis la direction tout court et c’est la mise en place de mon programme. On va nous traiter de tous les noms, nous mépriser, nous souhaiter d’aller dans le mur. Pourtant, je l’ai déjà dit : dans la mesure du possible, ce sont les idées de Jean-Michel Brosseau, que je tente de mettre en musique, dans une musique commerciale, facile à écouter, séduisante et rassurante, avec l’aide de David Batiste qui fabrique le format musical.
Et ça marche, ça prend. Mais ça coûte cher, et c’est difficile à vendre pour des gens qui ne sont pas installés localement et ont l’habitude de la musique de jeunes.
Juillet 2010, les chiffres sont formels, La Radio de la Mer décolle. Ca y est, les acteurs locaux nous connaissent, nous prennent au sérieux, nous proposent des partenariats. Les « voileux » sont ravis de participer, les invités prennent l’habitude du chemin de notre studio… (Que n’a-t-on entendu sur le fait que le studio est à Paris !!!… C’est-à-dire pile à mi-chemin entre Dunkerque et Les Sables d’Olonne, et là où nos invités passent souvent ou sont basés !)
Au Radio 2010, la Radio de la Mer est 3ème radio régionale de l’année, à la surprise générale. Autre signe qui ne trompe pas : les visites sur le site internet de la radio ont explosé, nous plaçant en 50ème position des 127 radios du GIE des Indépendants, entre des radios dont l’audience hertzienne officielle est bien plus élevée que la nôtre, ce qui prouve à quel point, notre radio « vaut » déjà beaucoup plus que le score officiellement trouvé fin juin par Médiamétrie (qui, signalons-le au passage, ne sonde pas 3 de nos 8 fréquences !). En novembre, je suis au milieu des patrons des radios du GIE des Indépendants et tout le monde connait La Radio de la Mer. Un concurrent direct me dira : « C’est un beau produit. »
Le commencement de la fin…
Mais, la régie du Groupe devant la Radio de la Mer, c’est toujours une poule qui a trouvé un couteau. Or, la crise est là, les autres investissements de l’actionnaire principal ne lui ont pas réussi et le mot d’ordre est de baisser les coûts à tout prix. Je rogne, je jongle, je déplace ceci, j’invente des cache-misère. A la rentrée de septembre 2010, alors qu’on m’a demandé de me passer d’un poste, je joue tellement avec mon budget que j’arrive tout à la fois à satisfaire mon actionnaire et à ajouter tout de même une tranche dans la grille, pour étoffer le programme. Mais les difficultés techniques sont là, il faudrait investir pour repartir et la décision tombe : Contact jette l’éponge et tente de vendre la radio.
L’agrément du CSA se faisant attendre, une partie des CDD arrivant à échéance fin décembre 2010, l’actionnaire a décidé de ne renouveler aucun de ces contrats tout en insistant bien sur le fait que l’équipe a rempli son contrat et a fabriqué une belle radio.
Alors voilà pourquoi, en ce début d’année 2011, il n’y a plus que de la musique à l’antenne, en attendant la décision du CSA.
Quelle que soit cette décision, d’ailleurs, la Radio de la Mer que certains commençaient à aimer, n’existe plus. L’équipe est dispersée : David Dumont, le rédacteur en chef et cheville ouvrière de la radio est à Rodez, Pauline Rossignol à Compiègne, les autres se recaseront rapidement.
A tous, il restera de beaux souvenirs car, comme l’a joliment dit Michel Brillié, le plus jeune des retraités de ce milieu, qui nous a fait l’honneur d’être notre mentor dans cette aventure, ce fut une « belle histoire de radio et d’amitié ».
(Mise à jour, mars 2011) Le CSA a rendu son verdict. La radio change de mains et d’orientation. A lire ici.
(2ème mise à jour, mi-avril 2011) Je suis installé dans les locaux de Oui FM, le temps pour moi de passer le témoin au nouveaux propriétaires. Les émetteurs ont redémarré, les premiers décros La Radio de la Mer – Programme Oui FM ont lieu tous les jours de 9 h à 13 h.
(3ème et dernière mise à jour, 8 juin 2011) Ma mission est terminée. Je quitte la Radio de la Mer en bonne intelligence avec Oui FM.
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