Petite honte télévisuelle

Préambule :

J’inaugure avec ce billet une section « télé » dans ce blog consacré à la radio parce que je constate à quel point ce média est le jumeau dément du nôtre. Tous nos travers y sont représentés, mis en lumière au sein d’un miroir grossissant jusqu’à l’absurde. Que l’on parle des tics de langages des journalistes ou des égos démesurés de certains animateurs, Bruno Masure avait raison : la télé rend fou. Qu’elle nous serve ici de garde-fou.

 


 

Depuis quelques temps, le monde médiatique bruisse du dernier buzz en date d’une émission du samedi soir qu’il est de bon ton de fustiger mais qui semble caracoler en tête des sondages.

Suite aux larmes, dont les images furent complaisamment reprises un peu partout, d’une courageuse personne venue témoigner de son enfer face à une autre personne dont, si je me garderai bien d’oublier le respect dû à sa propre histoire, j’ai beaucoup de mal à supporter la marchandisation qu’elle en fait (comme d’autres utilisent la mort d’un enfant pour exister dans les gazettes people, par exemple…), suite à cet événement, donc, dont le moins qu’on puisse dire est que le service public qui le diffuse n’en sort pas grandi, le médiateur de France Télévision, saisi alors que « le générique de l’émission n’était même pas terminé », a publié sur son compte Facebook la mise au point suivante :

J’ai personnellement connu Gora Patel, patron des radios de France Télé plus virulent dans ses propos et définitif dans ses décisions.

Certes, la conclusion est claire et sans appel. Toutefois…

Toutefois, n’est-il pas un peu facile de se dédouaner ainsi ? Le premier webmaster d’un obscur site internet de banlieue connait ses responsabilités en tant qu’éditeur. Le directeur de la publication d’un journal encore plus. Bref, diffuseur d’une émission pré-enregistrée, dont la France entière savait, grâce à des indiscrétions destinées à faire le buzz et attirer des téléspectateurs, ce qu’elle allait y voir, France Télévision nous fait savoir gravement sa réprobation vis-à-vis de la production et des explications de l’animateur la semaine suivante.

Suite à cette publication, j’ai demandé à Gora Patel si France Télévision avait payé cette émission – dont elle n’est donc pas contente, rappelons-le, car ne correspondant pas à ses « valeurs » – car tout client mécontent a un moyen de rétorsion sur son fournisseur. Point de réponse. Pourtant, les sommes colossales versées à la production chaque semaine, elles viennent bien de nos poches, me semble-t-il ?

Soyons clairs, ils sont bien loin les dérapages de « Droit de réponse », les insultes et autres cendriers jetés à la face. Désormais tout est enregistré, monté calibré, pré-découpé pour les réseaux sociaux. C’est la règle du jeu actuelle. Donc, comment accepter qu’un diffuseur qui a l’obligation de contrôler ses programmes et avait tous les moyens de savoir à l’avance ce qu’il allait diffuser vienne ensuite aussi piteusement se dédouaner ? Car, que l’on condamne l’écrivaine aspirante-chroniqueuse ou qu’on la comprenne, le système de buzz soigneusement travaillé chaque semaine a fait ce soir-là deux victimes sur le plateau (elle et l’invitée) plus des centaines devant leur poste renvoyées à leur douleur pour de simples points d’audience. C’est indigne.

Reste maintenant à attendre la réaction du CSA, qui arrivera sans doute longtemps après que l’auteur de ces lignes ait pris sa retraite, et dont on devine par avance la fureur démoniaque et les prodigieuses conséquences qui en découleront !

On peut rêver.

 

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