C’est grâce à une belle adaptation d’un de ses romans sur France Culture que j’ai fait ma plus belle découverte littéraire depuis des années.
La Harpe Irlandaise, diffusée en décembre 2016 et écoutable/téléchargeable ici, fait partie d’un recueil de 3 romans consacrés à des femmes et des maisons.
Shame on me : je ne connaissais pas Germaine Beaumont, dont j’ai peut-être entendu pourtant certaines fictions, gamin, à l’époque où elle coproduisait les Maîtres du Mystère, sur Paris Inter (oui, j’ai l’âge, no comment, merci…). Youtube en regorge. Gratuitement, contrairement à l’Ina. Et l’excellent blog Radio Fanch, auquel j’ai piqué une illustration, en parlait en 2014.
Non contente d’avoir été une sacré personnalité, si j’ai bien compris, cette femme a un style flamboyant, somptueux, riche, capiteux comme les fleurs de la serre du général Sternwood dans le Grand Sommeil… Il y a tout à la fois du Balzac (pour les descriptions) et du Zweig (pour la confusion des sentiments), mais aussi du Maupassant, voire du Poe pour l’ambiance angoissante.
Colette aurait dit d’elle qu’elle écrivait des romans policiers sans police. On pourrait presque parler de thrillers, tant ses maisons cachent de secrets prêts à nous exploser en pleine figure à la fin. Elle excelle aussi à faire éclore une rose sur un lit de fumier, quand, là où on l’attendait le moins, apparait une image sensuelle, presque saphique, sous une plume dont le classicisme presque maniéré n’est évidemment qu’apparent.
Femme libre, hantée par l’abandon que l’on retrouve dans ses romans, comme dans sa vie, souriante sur les photos, audacieuse dans sa littérature, Germaine Beaumont est un immense écrivain et on devrait toujours mieux écouter le nom des auteurs et des producteurs des fictions radiophoniques.
Avec de tels écrivains, aucun besoin du moindre écran car, du 42″ dont on est si fier à l’écran d’un Ciné-Cité, aucun n’aura la dimension de notre imagination devant ses descriptions et les ambiances qu’elle distille. Le chaud, le froid, la faim, la faiblesse, la fièvre, elle nous fait ressentir profondément tout ce qu’elle nous décrit avec une précision et une emphase discrète et jamais déplacée.
Et vous savez quoi ? Il existe un deuxième recueil que je n’ai pas encore lu. Du coup, je me sens riche, plus que si j’avais gagné au Loto. C’est rentable, non ?
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