Ce n’est pas dans Micro Souvenirs…
Le grand public l’aura sans doute oublié. Moi, je l’ai découvert animant les après-midi un été ou deux sur RTL, plus d’une génération avant que ce soit mon tour. J’avais été séduit par son ton, sa décontraction, presque du détachement devant le micro…
Des années plus tard, alors que RTL veut lancer un nouveau réseau (nom de code : RTL 1) et que j’ai été dégagé d’Europe 2, nous faisons connaissance. Nous allons travailler ensemble chaque matin à une nouvelle maquette, qui sera écoutée et amendée chaque après-midi par Philippe Labro.
Immédiatement, le courant passe entre nous : Gaya a des défauts si plaisants pour moi. Grande gueule, mauvais caractère, humour décapant…
Le projet tombe à l’eau, je pars à Chérie FM. Quelques saisons plus tard, on se retrouve quand je deviens la voix d’antenne de RTL. Quand je quitte le studio de Chérie (ou avant d’y aller selon ma tranche), c’est pour filer dans son bureau qui s’étoffe régulièrement de nouvelles machines. Gaya a la flemme d’aller jusqu’à un studio, c’est donc un studio qui pousse autour de lui. « Ferme la fenêtre, mets le verrou, coupe la clim’, on y va ! » Et on improvise les promos d’antenne sur un vague canevas qu’il a anticipé. Le couloir où se trouve son bureau, bien sage, résonne de nos éclats de rire tonitruants. C’est mon salaire, d’ailleurs, ces éclats de rire. « J’ai rien pour te payer, m’a-t-il dit, mais ils vont s’habituer à ta voix et ils finiront par t’embaucher. »
Il avait raison, Gaya. Et, quand sortant du bureau d’Alain Tibolla qui venait de me proposer un magnifique contrat d’été (« Stop ou Encore » le week-end et « Duel au soleil » la semaine), je suis venu lui annoncer en priorité, Gaya s’est exclamé « ah mon pote, chuis content ! » en me serrant dans ses bras et je jure que, quand il m’a relâché, il avait les larmes aux yeux.
Ensuite, il a décidé que je ne pouvais pas garder la barbe pour les photos officielles de la grille et s’est jeté sur ses ciseaux de montage de bande magnétique pour égaliser mes sourcils « parce que quand même, merde… ».
Paradoxalement, on s’est très peu revu ensuite puisque ça ne me permettait plus de venir faire des voix dans son bureau. Quant à lui, ses envies le portaient plus vers l’image que l’habillage audio, il était en vacances quand je venais travailler rue Bayard, la vie…
On comprendra que je sois un peu triste aujourd’hui, à l’annonce de sa disparition.
Mon tour, cette fois, d’avoir les larmes aux yeux.
Deux exemples de nos délires :
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