Etat des Lieux

Plus que jamais, les gens d’antenne (aussi bien animateurs/chroniqueurs que journalistes) sont prisonniers de formules, de tics de langage, de gimmicks à la mode (#oupas). Influencés par les nouveaux modes d’expression, ils tentent d’être « dans le coup » sans trop « faire de buzz » tout en utilisant des formules qui ne se renouvellent que très peu et, au lieu de leur donner un « air cool », les éloignent de leur public.

Les tribunes publiées ici ou là (la fameuse « Et soudain, c’est le drame ! »), les moqueries répétées du public qui les brocarde sur les réseaux sociaux, rien n’y fait. Les journaux sont plein de ton M6, de fausse dramaturgie et de formules creuses et parfois même contradictoires (comme un très souvent entendu « plutôt très » qui semble devenir un corollaire de la possession d’une carte de presse).

La ponctuation, pourtant apprise dès les classes primaires, est mise à mal, avec des coupures dans les mots placés à des endroits aberrants, des respirations prises entre la liaison et le mot suivant, etc… Que dire des omelettes proposées par les présentateurs de journaux à force de douzaines d’ « euh » par phrase et de « hein » involontairement multipliés pour tenter de donner une impression (totalement factice) d’implication profonde. Rien de tout cela ne garantit la compréhension par nos auditeurs/téléspectateurs et encore moins leur adhésion.

Pour différentes raisons inutiles à définir ici, les directions d’antenne et de rédaction laissent libre cours à ce manque d’imagination, ne font plus d’écoutes de piges, ne traquent plus les fautes de français, les contre-sens, les phrases creuses répétées à l’envi, de chaînes en radios, comme ces manifestants « venus pour en découdre » d’après l’ensemble des antennes francophones chaque samedi de décembre 2018. Aucune personnalité dans ces clichés éculés, aucun être humain pour défendre un texte, mais un assemblage hétéroclite de mots puisés dans un tout petit catalogue qu’un ordinateur basique sait d’ores et déjà mieux brasser et ré-agencer.

Que nous révèle cette monotonie sonore que tolèrent les médias et qui endort nos auditeurs ? Essentiellement, une mauvaise hiérarchisation des priorités professionnelles. Imprimer un journal en retard, trépigner devant l’imprimante pour arriver en courant et essoufflé devant le micro, ce n’est pas professionnel. Oublier la bouteille d’eau qui chassera pendant un son la poussière qui nous a fait tousser, ce n’est pas professionnel. Arriver en studio en ayant oublié la moitié de son journal sur son bureau (toutes choses vues), ce n’est pas professionnel… Etc. De même, enfiler les perles et les lieux communs, les débiter mécaniquement « comme à la radio », ce n’est pas professionnel, bien au contraire.

En fait, ce qui n’est pas professionnel, c’est de donner plus d’importance à l’avant-antenne qu’au moment réel de l’antenne et à ses suites (la réaction de l’auditeur, mais aussi le débrief, même s’il doit être seulement personnel).

Les buts

La proposition de ce segment de coaching individuel est de faire le point sur sa pratique, ses priorités, son rapport à l’auditeur, de réactiver sa capacité d’auto-critique, de remonter son niveau d’exigence personnelle et de bloquer le curseur au niveau en-dessous duquel, ne serait-ce que par simple fierté, on n’acceptera plus de descendre.

Eviter le ton perroquet désincarné et mettre à nouveau du sens dans ses propos et dans le simple ton de voix employé, prouver que, pour quelques temps encore, l’humain a quelques qualités qui ne le rendent toujours pas remplaçable par un robot, retrouver les bases des fameuses figures du discours, en utiliser les subtilités pour attirer, séduire et fidéliser des auditeurs, grâce à un ton, une personnalité qui, si elle n’est pas obligatoirement supérieure, reste exceptionnelle, parce que chacun d’entre nous est unique dès lors qu’il ne singe pas son voisin…

La manière

Séances individuelles d’écoutes de piges où l’on décortiquera tout ce qui est dit à l’antenne : mots, phrases, musique de la voix, sens des phrases versus intentions de départ. La relation avec un formateur extérieur, sans relation hiérarchique avec la personne coachée, se fera dans la bienveillance car c’est en retrouvant l’être humain sous les scories, en lui redonnant le goût de son métier, qu’on en tirera à nouveau tout le suc nécessaire à la bonne harmonie de l’antenne. Il faudra donc compter plusieurs séances individuelles d’une heure et demie à deux heures par jour pendant au moins une semaine pour que, une fois les préventions légitimes tombées et les premiers états des lieux effectués, on commence à ressentir dans la pratique quotidienne les effets de la concentration nouvelle à intégrer à sa pratique.

Comme dans chacune de mes formations, je tiens à ramener chacun à la notion de plaisir (en chassant celle de routine), aider à réinventer sa méthode, à consolider les bonnes pratiques en éradiquant les mauvaises, car ce plaisir est contagieux, qu’il soit question d’animer un jeu ou de présenter une session d’information. On trouvera toutes les images possibles pour jouer avec l’auditeur comme le chat avec une pelote, comme le pêcheur avec son brochet (qu’il ferre puis laisse filer pour mieux l’attraper ensuite), etc… L’objectif est de remobiliser des équipes précédemment talentueuses trop souvent engluées dans une routine quotidienne qui leur fait négliger la priorité : le rendu antenne final.

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