Claude Wargnier

En ce mois de janvier 2025, Claude Wargnier nous a quittés.

Il était de ces êtres rares dont la rencontre marque une vie, à jamais, de ces gens qui sont des exemples, sans vraisemblablement en avoir conscience.

Quand, fin 85/début 86 (du millénaire précédent, oui), une minuscule équipe (2 chefs et 2 employés !) a commencé à travailler sur le projet Europe 2, j’étais l’un des deux clampins au charbon (l’autre était le mythique Bernard Schu). Nous avions chacun 4 heures d’antenne et nous réalisions parallèlement des bandes musicales que j’étais chargé de reproduire sur des cassettes audio destinées à nos futurs affiliés/abonnés.

Le seul appareil de reproduction à grande vitesse des cassettes se trouvait dans un petit couloir, une sorte d’antichambre, du bureau d’un des directeurs de la station. Je le croisais de temps à autre, un peu impressionné, lui toujours souriant sous sa moustache, l’oeil chaleureux et pétillant. Un détail m’avait particulièrement marqué : les techniciens d’Europe 1, quand ils venaient dans son bureau, entraient avec le sourire… pour en ressortir avec une large banane. Voir ce patron était toujours un plaisir (et, à Europe comme partout, c’était déjà un exploit !).

Petit à petit, j’ai appris à discuter avec lui (j’étais alors chargé des rapports entre Europe 2 et la technique du groupe). Avec lui et Raymond, son frère, nous avons réfléchi l’évolution du JP, le premier studio DJ que je partageais sur Europe 1 avec Yann Hégann puis que j’ai récupéré, aménagé, pour le morning d’Europe 2.

C’est Claude qui m’a montré à dépanner la « Schlum » quand une tranche avait lâché dans la nuit. C’est aussi lui qui a souri gentiment quand je lui ai avoué que, le temps d’un 45 tours, j’ai branché une tranche en biais et vu un peu de fumée sortir du tiroir…

Puis j’ai croisé Claude dans les salons (il a expliqué un jour m' »écouter quand il était jeune ! ») et un jour, Michel Brillié m’a appelé pour me demander si je voulais monter une webradio avec Claude. Je n’ai pas écouté plus de détails. Le plaisir de le croiser encore, de monter un projet (bénévole) avec lui, de déjeuner de temps à autre avec lui, de l’écouter parler de ses expériences, de son métier, ses métiers car, en quittant Europe, il continuait à inventer, sonoriser, etc… (même s’il fallait vraiment le pousser parce qu’il n’était pas du genre à raconter ses batailles d’Afrique… ou antillaises !).

Quand j’ai eu eu un pépin de santé qui m’a mis hors-jeu pendant 3 mois, lui qui était passé par là 2 ou 3 ans auparavant, m’a appelé à plusieurs reprises pour me conforter, m’expliquer combien ça allait bien se passer.

D’ailleurs lui-même, quand il parlait de ses propres problèmes de santé, ne trouvait-il pas moyen de me faire marrer ?

Nos déjeuners (pas si nombreux mais précieux dans ma mémoire), nos appels, tout reste présent et précieux.

Il est bien possible que ce post n’intéresse que moi. D’ailleurs j’ai déjà tout raconté dans mon bouquin Micro Souvenirs.

Mais j’avais envie, encore une fois, de te remercier, Claude, pour ta présence dans ma vie, et de dire le privilège de t’avoir entendu m’adouber dans tes « copains ».

24 Janvier 2025

Pour écouter encore sa voix, c’est ici.

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