Avant, la radio avait la plus belle image, la plus large, la plus colorée,
limitée simplement par l'imagination de l'auditeur...
Personne, et surtout pas moi, ne souhaite la disparition de notre média.
Pourtant les faits sont têtus et les chiffres, bien qu’en retard, sont clairs : nous perdons du terrain, des auditeurs, de l’audience, des parts de marché.
Les raisons, sans doute, sont multiples : le sens de l’Histoire, les habitudes de consommations des media, la multiplicité des offres alternatives proposées au public… et bien sûr l’incapacité chronique de nos radios en général de se réinventer conjuguée à l’absence de volonté des dirigeants actuels de s’inscrire dans la durée donc dans une nouvelle logique moins orientée stream et plus replay.
Bien sûr, il y a quelques initiatives ici et là qui s’inscrivent dans cette optique actuelle, comme le portail de replay de Radio France qui permet d’écouter comme et quand on veut ses émissions préférées. Et ceci participe sans doute à la bonne santé dudit service public, avec France Inter en tête et une France Culture qui sort tranquillement de son image de radio intello avec de vrais fans des émissions de documentaristes notamment…
Pourtant, les chiffres montrent que nos auditeurs se barrent, et que la tendance n’est plus niable, désormais…
Et, pendant ce temps-là, voila-t-il pas que l’on se réjouit de voir les matinales (d’un réseau qui n’a jamais tant brillé que cela dans les sondages) diffusées sur une chaîne de télé (qu’on parle régulièrement de fermer).
Ah ouais ! Elle est là, la trouvaille qui va nous sauver ! Le truc que le public a de moins en moins envie d’entendre, il va se précipiter pour le regarder à la télé ! C’est vrai que c’est tellement passionnant, des gens avec des casques sur les oreilles, on ne pense pas assez à ce genre de détails…
La grande force de notre média, on l’a dit et répété, ce qui le sauve encore aujourd’hui, c’est la mobilité… C’est que, même si la technique s’est simplifiée, les auditeurs ont encore le réflexe d’écouter la FM en voiture, ces fainéants ! Tu penses qu’ils vont se coller devant la télé pour regarder la radio !
D’autant que, pardon, mais ça fait 30 ans au bas mot que la télé fait des émissions de radio avec un peu d’images autour. Et que, on dira ce qu’on voudra, mais une oreillette, c’est quand même moins laid qu’un Beyer Dynamyc DT 770 Pro ! Bref, au lieu de participer à la création d’un nouveau modèle économique autour de la rentabilisation des podcasts, par exemple, le service public, tout en prévoyant de virer des centaines de professionnels, préfère interdire aux plateformes susceptibles de tout agglomérer et de proposer enfin une offre alternative de reprendre ses productions. Lamentable…
Car pourquoi ne pas imaginer que LSD (La Série Documentaire), Les Pieds sur Terre ou encore les radiofictions de France Culture (comme celle-ci, par exemple, parfaite !) ne deviennent des produits d’appel pour les plateformes qui proposent dans le même temps des productions alternatives et indépendantes comme Les Couilles sur la Table, par exemple ou plein d’autres au choix, sur le polar, la SF, la sexualité, etc… ?
Mais encore faudrait-il que tout le monde décide de réfléchir à l’avenir d’un media plutôt que se tirer dans les pattes. Non, au fait, c’est vrai qu’il s’agit avant tout de réinventer l’ORTF, de « faire des économies d’échelle », de s’agripper à un modèle obsolète quand le monde change tout autour. Et quand on ne peut plus lire autre chose sur le sujet qu’une interview de Bouvard, 90 piges et toujours méchant, qui dit qu’il n’aime pas Ruquier ou des articles écrits par des fabricants de matos, ça n’élève pas le niveau de la réflexion.
A quand un think tank de la radio, momentanément dégagé des contraintes matérielles pour réfléchir à un potentiel avenir du média ?
Naïf, moi ?
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