Voilà qui va encore élever le débat…
Comme on pouvait le craindre, le déménagement de RTL dans les murs de M6, nouveau propriétaire, marque le début d’une nouvelle ère pour cette belle maison…
On passera sur les images aperçues des nouveaux studios dont on veut bien penser qu’ils sont techniquement aboutis mais que certains ont déjà qualifiés de blocs opératoires et sur la concomitance de la renégociation de Julien Courbet (qu’on croyait intouchable au vu de ses sondages) avec son départ de C8 vers une chaîne du groupe M6. On ne s’arrêtera pas sur l’impossibilité pour Yves Calvi de recevoir dans sa matinale un journaliste de TF1, on s’en est déjà remis.
Sauf que…
Sauf que quand les logiques industrielles prennent le pas sur les stratégies programmatiques, on file un mauvais coton. Il est amusant (ou déprimant, au choix) de voir ces jours-ci NRJ (qui a payé et paye encore très cher cette absence de vision sur tout son pan TV) se faire attaquer en justice par RTL pour l’emploi d’un jingle qui remonte à la nuit des temps.
De même que beaucoup de Français peuvent chanter « ta-tin-tin-tintin ! » quand on cite RTL, de même autant vont chanter « Radio Number one ! » à l’évocation de NRJ. Et ça ne présage en rien de ce que pensent ou écoutent ces mêmes auditeurs. C’est rentré dans les mœurs, les oreilles, les consciences. Mais tout se passe comme si, à Neuilly, on pensait qu’un auditeur à qui on chante « Radio Number One » va être persuadé que la radio est Numéro 1. Quels cons, ces auditeurs, vus de Neuilly !
Depuis des décennies, l’organisme officiel nous sert des statistiques ou tout le monde est N°1 sur un créneau. L’auteur de ces lignes a personnellement dirigé la première radio à destination des auditeurs de Chambly, dans l’Oise, comme la radio la plus écoutée consacrée à un poète et chanteur moustachu. Tout ceci n’intéresse que notre microcosme (dans ce qu’il a de plus microcosmique, voire micro-comique) et ne doit même plus impressionner les régies (pourtant…!) ni donc les annonceurs.
Voir son périmètre d’audience s’effondrer année après année pendant que les autres médias imposent des habitudes de consommations nouvelles et continuer à s’engueuler pour savoir qui a la plus grosse, c’est pitoyable, simplement ! (1) Ça engraisse les avocats, c’est sympa, ça occupe la presse spécialisée média, super. Ça nous fait passer aussi pour une armée de crétins profonds pendant que de jeunes startupers malins vont bien réussir à inventer la radio de demain, ou ce qui en fera office. Boxsons, Binge Audio, Les Croissants (2) sont sur la bonne piste, reste à trouver les sous mais comme nos concurrents musicaux et télévisuels ont fait entrer le public dans l’ère du payant, on avance…
Radiofrance doit se frotter les mains, au milieu de ses propres errements et propose, par exemple, une piste formidable pour les nouveaux modes de diffusion avec cette page toute simple mais si pratique pour une offre originale et qui garde les auditeurs dans un écosystème fermé !
Visitez cette page et imaginez simplement qu’au lieu de la subir, on en soit le créateur : que chaque auditeur fasse en amont sa sélection à coups de tags et de mots-clés, qu’on puisse la réaménager, virer Charline la fausse sympa et Adèle la vraie bourge pour ajouter la Fabrique de l’Histoire, Marie Richeux et 42è Rue, puis tout recevoir sur son appli mobile pour le déguster dans le métro, même sans connexion, ou sur la route. Les outils sont là : suffit de combiner une pareille offre de programmes avec la technologie des « Croissants ». Plutôt que de faire 3 grilles de programmes, réussir une formidable offre complète et personnalisable ! (3)
Et là, on sauve le monde !
Enfin, le nôtre, c’est déjà pas mal.
Mais certains préfèrent jouer à qui a la plus grosse (re-1).
(1) Je parle de l’audience, bien sûr. Je précise…
(2) Super labo, idée sans doute pas aboutie mais forcément vendable
(3) Ce petit clin d’œil à Laurent Guimier, juste pour ne pas oublier l’autre groupe, qui n’est pour rien dans ce coup-là !